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Logistique mondiale : la Chine post-covid

Après 3 ans de politique zéro covid, la Chine est en quête de croissance et de stabilité.
L’année du lapin sera-t-elle celle du rebond économique pour la Chine ? Quels seront les impacts de la politique chinoise sur la supply chain à l’avenir ? Peut-on espérer un retour à la normale de la logistique mondiale ?

Décryptage par Centrimex, transitaire maritime et aérien implanté à Shanghai, à Shenzhen et dans de nombreux pays du monde.

Politique chinoise et marchés mondiaux

L’épidémie de coronavirus a frappé la Chine avec fracas. De février 2020 à décembre 2022, les mesures de confinements, restrictions aux déplacements, voire de quarantaine stricte ont fermé les usines, fortement affecté les infrastructures logistiques et paralysé les échanges internationaux, non seulement en Chine, mais dans le monde entier.

L’Empire du Milieu, géant de l’industrie manufacturière

Depuis les années 2000, la Chine s’est positionnée comme le pays d’export et de transit par excellence. Cette position s’est d’autant plus affirmée en 2013, lorsque l’Empire a commencé à investir massivement dans de Nouvelles Routes de la Soie à travers l’Asie centrale et l’Afrique pour booster son commerce extérieur et nouer des alliances stratégiques avec des pays en plein essor. Les investissements se concentraient alors sur la fabrication et l’exportation de biens manufacturiers (électroménager, chaudières, téléphones et produits high tech…).

La hausse progressive du prix de la main d’œuvre et la mise en place de restrictions pour les industries polluantes par le gouvernement chinois ont entraîné une délocalisation d’une partie des sites de production chinois vers les pays voisins, comme l’Inde et le Vietnam. Ce phénomène a pu être accentué par la pandémie mondiale. En effet, les multinationales ont dû trouver des alternatives pour maintenir leur rythme de production. Leurs investissements ont permis d’ouvrir de nouvelles routes maritimes sur l’océan Indien. Le port commercial de Tuticorin, au sud de l’Inde, prévoit par exemple l’ouverture d’un 3e terminal à conteneur pour décembre 2024.
Une partie des flux qui transitaient par la Chine pourrait donc être acheminée directement par les pays voisins.

Perspectives d’innovation : la technologie chinoise au service de la supply chain

En 2017, avant la crise du Covid-19, le Parti Communiste Chinois (PCC) mené par Xi Jinping, soulignait l’importance de :
1) Stimuler la demande intérieure pour améliorer le niveau de vie global des Chinois
2) Restructurer son industrie pour développer des produits de haute qualité et donc, à grande valeur ajoutée

La réouverture des frontières chinoises coïncide donc avec des investissements du gouvernement dans la recherche et l’innovation.

Le développement des NTIC ouvre de nouvelles perspectives pour le secteur logistique chinois. La création de nouveaux systèmes d’entreposage intelligents, d’applications de tracking, de véhicules autonomes et d’autres dispositifs automatisés facilite le suivi des expéditions ainsi que les opérations de transbordement et de manutention.

Cette nouvelle stratégie de développement économique pourrait donc grandement avantager les hubs logistiques chinois tels que Shangai, Tangshan, Tianjin, Shenzhen, Ningbo et Qingdao.

Vue de nuit d'une ville de Chine post-covid, boutiques aux néons allumés, passants dans les rues
Photographie de Huangpu Qu, Shangai, Chine, par Hyunwon Jang

Réouverture des ports en Chine post-covid

Aujourd’hui, le port de Shanghai est le 1er port à conteneurs du monde avec 47,28 M EVP, contre 37,29 M EVP pour le port de Singapour, le 2d du classement Alphaliner. Et ce n’est pas tout, car désormais, les ports chinois occupent la moitié du top 10 des ports de commerce mondiaux.
Lorsque les accès aux terminaux à conteneurs ont été restreints par la pandémie, la logistique mondiale s’est trouvée en crise. Même dans les grands ports de Ningbo-Zhoushan et de Shanghai, largement automatisés, les compagnies maritimes ont été mises à rude épreuve. De plus, puisque chaque exportateur était rattaché à un bureau de douane précis, il a été difficile de dérouter les gros bateaux vers des ports plus petits ou vers les pays voisins. Le fret maritime mondial a donc subi de lourds retards et de nombreuses difficultés.

Heureusement, depuis décembre dernier, la fin des mesures restrictives qui entravait les terminaux booste la reprise du transport maritime, ferroviaire, routier et aérien depuis la Chine.

Mieux encore, les taux de fret et les temps d’attente pour une expédition par cargo sont en baisse significative. Entre début 2023 et le quatrième trimestre 2021, les trajets transocéaniques Asie -> Amérique du Nord (via le Pacifique) et Asie -> Europe (principalement via le canal de Suez) se sont accélérés de 12 jours, selon les relevés de la plateforme SaaS de supply chain E2Open. Les livraisons de marchandises en provenance de toute l’Asie se sont donc considérablement accélérées.

Réserver un conteneur maritime

Nouvelles du secteur logistique chinois

Essor du fret ferroviaire sur le trade Chine-Europe

Au carrefour de la Chine et de la Russie, le port ferroviaire d’Erenhot continue d’intensifier son activité. Depuis le lancement du premier train Chine-Europe en 2013, ce « port sec » a fait transiter plus de 10 000 trains de marchandises vers 60 destinations. En janvier 2023, plus de 1,43 million de tonnes de chargements ont transité dans ce qui semble être le nouveau point d’entrée entre l’Asie et l’Europe.

Reprise des vols commerciaux

La reprise progressive des vols passagers accélère également le fret aérien. Les aéroports internationaux reviennent à la normale dans toutes les régions de Chine, ce qui accélère le transport de marchandises . Les expéditions urgentes par avion sont à nouveau envisageables.

Intensification des échanges sur le trade Chine-Russie

Au cours des 10 dernières années, la Chine a également construit de nombreuses autoroutes et un pont routier emblématique 100% fret au-dessus de l’Amour, symbole du rapprochement entre la Chine et la Russie. Les perspectives pour le transport routier intérieur et extérieur sont donc très positives.
Malgré la guerre en Ukraine, le Kremlin et Pékin continuent d’entretenir des relations étroites. Les exports ne sont donc pas freinés par le conflit.

À terme, la Chine semble reprendre sa place d’avant covid dans le commerce et l’organisation de la supply chain mondiale. Les capacités mondiales de transport qui arrivent sur le marché en juin se positionneront en très grande majorité sur ce marché en reprise.

Vous souhaitez en savoir plus sur l’import-export en Chine post-covid ou préparer votre prochaine expédition avec un transitaire agréé ?