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Crise du pétrole 2022 : impacts sur l’Afrique

Avec l’arrivée des troupes russes en Ukraine, la crise du pétrole frappe de plein fouet toute l’économie mondiale. Aujourd’hui, le 30 mars 2022, le prix du baril de pétrole BRENT est à 112$. Il n’avait pas dépassé les 100$ depuis l’annexion de la Crimée, en 2014.

À titre de rappel, le record absolu du prix du baril avait été atteint en 2008 : 147,50 dollars, ce qui s’expliquait déjà par l’impact combiné de la guerre en Ukraine et de la crise des subprimes.

Inflation, surendettement, pénuries énergétiques, mais également nouvelles opportunités… Quelles sont les conséquences de cette crise du pétrole sur l’Afrique ?

Conséquences de la guerre en Ukraine sur le marché africain

Depuis l’Afrique, les guerres menées sur le vieux continent peuvent sembler lointaines. Pourtant, les conséquences du conflit en Ukraine sont désastreuses. La hausse du prix du baril et les conflits ont des répercussions en chaîne sur l’ensemble du commerce mondial.

Espace aérien fermé et population bloquée

Du point de vue humain, plus de 76 000 ressortissants africains tentent de se rendre en lieu sûr ou d’être rapatriés. L’espace aérien ukrainien étant fermé, la Tunisie tente d’exfiltrer ses ressortissants en bus puis en avion par la Roumanie, tandis que la Guinée négocie un départ via la Pologne ou l’Allemagne.

Ralentissement du fret maritime mondial

Dans les secteurs du transport de personnes et de la logistique, les difficultés sont bien réelles. En plus de la fermeture des aéroports, les missiles lancés sur les ports de la Mer Noire et en Mer d’Azov bloquent au moins 70 navires-vraquiers et porte-conteneurs. Évidemment, cela ne fait qu’accélérer la congestion des ports européens. Et, bien sûr, la flambée du prix du carburant se ressent sur l’ensemble du transport maritime mondial.

En tant que transitaire Afrique, Centrimex a donc dû développer de nouvelles voies alternatives (maritimes, routières et multimodales) pour le transport de marchandises vers et depuis le jeune continent.

Un pouvoir d’achat en baisse pour une partie des Africains

La crise du pétrole impacte de plein fouet le pouvoir d’achat des Africains. De nombreux foyers et entreprises utilisent des groupes électrogènes diesel. La population est donc largement dépendante des cours du pétrole pour sa consommation courante.

Hausse du prix des hydrocarbures, une opportunité pour les pays producteurs en Afrique ?

En termes de chiffres, la Russie fournit 11,5 % du pétrole et 18% du gaz naturel mondial. Les sanctions internationales à son encontre compliquent l’approvisionnement en hydrocarbure et contribuent à la hausse des prix de l’énergie.

Les pays de l’OPEP+, notamment l’Algérie, ont accéléré la vente de barils pour renflouer le trésor public tant que la conjoncture y est favorable. Mais le Maghreb et le Moyen-Orient ne sont pas les seules régions à bénéficier de cette hausse des prix du baril…

Nouveaux gisements, nouveaux débouchés

Ces 12 dernières années, de nouveaux gisements de pétrole et de gaz naturel ont été découverts dans les terres et le littoral africain. L’Égypte, le Mozambique, l’Angola, le Ghana, le Gabon, la Côte d’Ivoire, la Namibie, la Guinée équatoriale et le Congo seraient-ils les nouveaux rois du pétrole ?

En Namibie, le terminal pétrolier du port de Walvis Bay – largement financé par la Chine dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie – ouvre une nouvelle voie aux exportations du pétrole offshore foré par Total dans le Bassin Orange, à 300km des côtes. Ce nouveau port servira également de hub logistique pour les marchandises exportées depuis le Botswana, l’Afrique du Sud et les pays voisins.

Certains pays producteurs de gaz comme l’Algérie et la Tanzanie ont décidé de profiter de cette conjoncture favorable pour exporter leur gaz naturel et leur gaz de schiste. Le Sénégal et la Mauritanie (tous deux alliés dans le projet offshore de Grand-Tortue-Ahmeyim) souhaitent également intégrer l’OPEP du gaz, le GECF, pour gagner en influence sur le marché des hydrocarbures mondial et gagner en maîtrise sur la volatilité des cours du gaz et de l’énergie.

Certains gazoducs comme le Transmed sont aujourd’hui sous-utilisés, mais ils pourraient rapidement rétablir la balance commerciale de certains pays du nord du continent. Et si, grâce à cette crise géopolitique et énergétique, l’Europe se tournait enfin vers le gaz africain ?

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